Comme je n’aime pas les règles, je trouvais très intéressant de pouvoir exposer avec une personne qui refusait les conventions, en travaillant surtout à l’origine d’une peinture qui « Courbet » le dos aux méchants conservateurs. Elle montrait avec malice ce que tous les autres s'évertuaient à cacher : l’origine du monde. Elle étranglait son modèle avec ses cuisses et seule la tête apparaissait, un portrait en apparence de souffrance, de rédemption qui donnait pourtant la vie.

La première rencontre fut immédiatement positive et son mari Richard était un véritable exégète dont les interprétations semblaient tout droit sorties d’un livre sacré écrit en latin et ses analyses et descriptions permettaient à mes neurones de s’agiter joyeusement. L’échange avec Gaby me paraissait évident et nous allions pouvoir partager nos préoccupations intellectuelles et artistiques dans un grand moment de bonheur.

L’origine, la source, c’est-à-dire faire apparaître une chose, un magma pictural, une croute savante, une histoire de ressemblance, un nu qui a visage, un sexe qui a une tête, un portrait de tête, un portrait de corps, une fête de la vie et de la transgression. Mes pinceaux s’entremêlaient de nouveau sans mon consentement et je continuais à travailler.

 

Claude Guénard, Juin 2023